Le procès GRESSARD

Le journal « LE PATRIOTE DU MORVAN » dans son édition du samedi 31 mars 1945 dédie un article au tueur GRESSARD et dit ceci:   LE TUEUR GRESSARD EST CONDAMNE A MORT

Le procès de GRESSARD s’est déroulé jeudi devant la cour de justice de Chalon sur Saône, présidé par M. GAUDIN, assisté de MM. MATHIEU, DEBORDE, COURBET, et PATTE. Le siège du ministère public était occupé par M. BUHOT.

L’audience débute par l’interrogatoire d’identité de l’accusé qui déclare se nommer Joseph GRESSARD, 23 ans, étudiant, demeurant à Autun, rue Cocand. 

Le greffier lit alors l’acte d’accusation dont voici le résumé. « Joseph GRESSARD issu d’une bonne famille, fut nommé en 1941, après avoir fait ses études secondaires, rédacteur à la Sous-préfecture d’Autun. 

En juin 1943, il fut inculpé dans un vol de titres de rationnement et condamné à 4 mois de prison. Jusqu’à cette date, il avait des très forts sentiments gaullistes.

A sa sortie de prison, il partit travailler en Allemagne, mais il revint bientôt et se fit passer par un chef résistant, puis il entra en relation avec le trop célèbre Stucklick, de la Gestapo de Chalon, et travailla pour le compte de la S.D. 

A partir de ce moment, il commit un très grand nombre de forfait : assassinats, pillages, incendies et vols qualifiés ».   

« Les principales expéditions auxquelles prit part GRESSARD, en uniforme allemand, furent celles de DETTEY, le 28 mars 1944, dirigée contre le maquis du Lieutenant HECTOR ».

« Le 23 juin 1944, au cours d’une randonnée à Toulon sur Arroux, GRESSARD et trois autre individus, abattirent quatre résistants qui circulaient en voiture ». 

«  Fin juin 1944, GRESSARD et GROSJEAN en opération à Dun les Places, tirèrent sur quatre jeunes gens qui s’enfuyaient et malmenèrent un garde forestier qui a disparu depuis cette date.

Dans le village, un véritable massacre eut lieu : 17 personnes furent arrêtées, GRESSARD en tua une qui tentait de s’échapper, les autres furent fusillées peu après ». 

A MILLERY, des jeunes gens voulurent rejoindre le maquis, GRESSARD et des miliciens cernèrent leurs maisons.

L’accusé et VAYEUX interrogèrent et torturèrent les jeunes CATEL, MOREAU, et RENAUD. GRESSARD tua MOREAU ; les deux autres furent également exécutés ainsi que MM. WARZIBOCK père et fils.

GRESSARD mit ensuite le feu à une maison après l’avoir pillée. Le 8 août 1944, GRESSARD, se faisant passer pour un chef de la Résistance, obtint la certitude que Saint Emiland ravitaillait le maquis.

Le 12 août, GRESSARD et des Allemands mirent le feu à 10 maisons,  jetèrent deux cadavres dans les flammes, des maisons furent pillées, 27 personnes arrêtées et  conduites à la prison de Chalon sur Saône. 

GRESSARD participa en outre (avec GROSJEAN) à deux meurtres : celui de M. FOUGEROUSSE le 11 juillet  à Autun et celui du colonel LEVEQUE à son domicile Place du Champs de Mars à Autun aussi le 22 juillet, abattu à travers une porte sous les yeux de sa femme et de sa fille.

Le tueur participa également à des nombreux vols à main armée, notamment à Etang sur Arroux, à Autun et aux Moreaux.

Il dénonça et fit arrêter MM. GAUDILLIERES, ANDRE, SIMON, le capitaine de gendarmerie du Creusot et son fils, MM. YVERNAT, BOURGOIS, et Mme BERTRAND.  GRESSARD s’est rendu en outre coupable de nombreux autres méfaits, au cours d’interrogatoires à la Gestapo, il frappa des inculpés à coups de cravache et de lanière ; il les tortura parfois jusqu’à la mort.

Il fut également remarqué à des opérations contre la Résistance, à Buxy, Toulon sur Arroux et Saint Marcel. L’opération de Saint Marcel aboutit à la fin tragique de M. LENEVEU.

Les 15 et 20 août, il fit des rafles à Autun, pour ramasser des bicyclettes. Plusieurs personnes furent en outre arrêtées et déportées en Allemagne dont Lucette BILLARD 19 ans.

Ajoutons à ce tableau déjà effroyable, que l’on reproche encore à GRESSARD d’être l’auteur de 10 meurtres à Montbéliard.

L’interrogatoire de GRESSARD sur chacun de ces forfaits provoque le plus souvent une dénégation de sa part.

A l’entendre, en effet, il n’était qu’une victime, qu’un jouet, entre les mains criminelles de Stucklick, qui l’avait littéralement envoûté et qui l’aurait menacé de déportation s’il ne travaillait pas pour lui. 

Il reconnait cependant quelques faits ; la rafle d’Autun, le 15 août les vols d’Etang, Autun et des Moreaux, un meurtre à Charbonnat, Millery (avec une participation presque bénigne de sa part), Saint Emiland (où il s’est trouvé incidemment étant en panne de « pétrolette » et 2 meurtres à Montbéliard.

L’audition des témoins à charge amène à la barre 30 personnes et parmi elles plusieurs victimes des forfaits de GRESSARD et notamment Mesdames FOUGEROUSSE et CATEL nos malheureuses compatriotes, dont les dépositions sont particulièrement émouvantes. A cette dernière, GRESSARD déclare : « je vous demande pardon mais je n’ai pas tué votre fils ». 

Deux autres déclarent avoir vu à Millery GRESSARD emporter Moreau sur son épaule puis avoir entendu deux coups de feu et vu GRESSARD les manches relevées et pleines de sang. M. DELAVIGNE décrit, comme Madame CATEL, les tortures infligées aux fils CATEL et Mouron.

Les témoins à décharge sont au nombre de cinq, parmi lesquels M. CHARPILLET, beau-père de GRESSARD et la mère de ce dernier, qui demande pardon aux mères malheureuses.

M. BUHOT, dans son réquisitoire rend d’abord  hommage aux victimes de GRESSARD (GRESSARD, alors pleure, sans larmes) puis reprend l’accusation (GRESSARD les yeux baissés, pleure silencieusement, regarde ses mains, le Commissaire du Gouvernement, pâlit peu à peu et fait des dénégations de la tête). 

La foule manifeste son indignation à la description des horreurs perpétrées par le jeune bandit. Après avoir donné lecture du rapport d’un médecin psychiatre concluant à l’entière responsabilité de GRESSARD, M. BUHOT conclu à son tour à la seule sanction possible : la mort.  

Me FRICAUDET avocat commis pour la défense de GRESSARD, prononce alors une magistrale plaidoirie au cours de laquelle il dit son étonnement de n’avoir trouvé chez son client aucune des émotions douloureuses  que l’on rencontre chez les grands criminels et aucun remord.

L’avocat évoque fort habilement l’enfance malheureuse de GRESSARD et tente de démontrer le rôle redoutable joué sur lui par Stucklick, qui a vu en GRESSARD un « limier intelligent » dont il s’est servi.

La cour se retire pour délibérer après lecture faite par le Président, des 38 questions posées au jury. A 17 heures 45, après une demie heure de délibération, le Président donne lecture des réponses, oui à toutes les questions.

En conséquence, GRESSARD  est  condamné à mort. La cour prononce en outre la confiscation de tous ses biens, présents et à venir.

C’est fini !  La justice vient de rendre son arrêt contre celui qui, pendant des longs mois, a trahi, terrorisé et endeuillé toute une région qui n’avait eu, cependant que la volonté de rester français.              

Cette photo découverte à Autun –par les hommes du groupe Hector- dans la chambre de l’interprète VIBERT qui après s’être enfui en conduisant une auto de la Gestapo, fut exécuté en Alsace par des patriotes. 

Les malheureux que l’on voit enchainés à genoux, avaient été livrés à leurs bourreaux par le tueur GRESSARD, et emmenés au Moulin de Valvron, près d’Autun. Lors de son procès, GRESSARD déclara : …C’est parce que Stücklick me menaçait et qu’il avait une influence inouïe sur moi que j’ai agit ainsi……

GRESSARD, est condamné à la peine capitale. 

« LE PATRIOTE DU MORVAN »  dit dans son édition du 16 mai 1945

Après avoir entendu la messe et communié, GRESSARD a déclaré à M. BUHOT, commissaire du gouvernement qui l’interrogeait, qu’il prenait la responsabilité de toutes les opérations aux quelles il avait participé, il ajouta « …j’ai été lâche, je ne le serai pas aujourd’hui… »

Il refusa de se laisser bander les yeux et demanda la faveur -qui lui fut refusée- de commander lui-même le peloton d’exécution. 

Le 10 mai 1945  à  5h55 la sentence fut exécutée au stand de Chalon sur Saône. GRESSARD venait d’expié ses crimes monstrueux. 

Son complice GROSJEAN, était accusé et coupable des mêmes crimes à Germagny, Saint Emiland, Dun-les-Places, Toulon sur Arroux, Anost,  Mellecey,  Ménessaire etc. Lors de son procès il déclara : …J’ai été abusé par la propagande du Maréchal…. Célestin GROSJEAN  fut arrêté en avril 1945 à Mayence (Allemagne) dans un camp Américain où il travaillait. Transféré à la Maison d’Arrêt de Chalon sur Saône dans la nuit du 25 au 26 juin 1945.

Comparu un an plus tard devant le tribunal de la cour de justice de Dijon.  Un témoin de Saint Emiland qui assistait fut formel en disant « Je reconnais celui qui a incendié ma maison »

Le milicien nia en bloc tous les chefs d’accusation que la cour lui reprochait, il ne put cependant empêcher la sentence ultime et fut  condamné à mort le 31 juillet 1946.

Célestin GROSJEAN a été fusillé au Fort de Sennecey le 9 décembre 1946.  (La gazette Indépendante)  Krüger, Friedrich (chef suprême des SS et de la Police dans le Gouvernement général): serait mort au combat en mai 1945 ou se serait suicidé en Autriche ?

Un témoignage et un autre chemin.    

Lucette BILLARD, 19 ans en 1944, née le 17 mai 1925 à Autun,  détenue par la Gestapo et la Milice à son domicile rue du Carrouge à Autun dans la nuit du 14 au 15 août 1944 emmenée de force à la Mairie d’Autun puis interrogée par le SS Krüger, tabassée pour la faire parler et expédiée le lendemain à 11 heures à la prison de Chalon, cellule 99 puis dans une chambre commune où elle rencontra quelques femmes et enfants de Saint Emiland détenus depuis le 12 août et qui seront libérés quelques jours plus tard.

Contrairement au sort des otages de Saint Emiland Lucette fut envoyée en Allemagne, Convoi 456 de Belfort, Lucette BILLARD Matricule Ravensbrück 62956 et Commando Genshagen-Ludwigsfelde 7853. Arrivée au Camp le 4 septembre 1944. Libre le 3 mai 1945. La veille de ses 20 ans. 

Lucette BILLARD nous fait revivre à travers son « MEMOIRE D’UNE DEPORTEE AUTUNOISE » son calvaire, extrêmement  touchant, pendant une année atroce de souffrances et de martyr et il faut le répéter encore, revenue en vie chez elle à Autun, miraculeusement, malgré ses 30 kg de poids, après 300 km à pieds nu dans des bottes trop grandes pour elle, mais qui lui ont sauvé la vie, dit-elle. 

De Ravensbrück à Schwerin  de Camp en Camp, de Ferme en Ferme, encadrée par des soldats armés dont leur rôle consistait à tirer un coup de fusil dans la nuque à celui qui ne pouvait plus avancer.

D’une force exceptionnelle, cette femme a survécu malgré les différentes maladies, comme le typhus ou la dysenterie, alors que tant d’autres tombaient sur le chemin pour ne plus jamais se relever. C’est vraiment une femme remarquable, par sa simplicité et par sa force de vivre. Ses parents l’attendaient avec un bouquet de fleurs à son arrivée à la Gare d’Autun le 9 juin 1945

N’oubliez jamais tous ces hommes et ces femmes qui ont péri là-bas, si loin de leurs êtres chers, morts de froid, de faim, de soif, d’épuisement, de mauvais traitements, de maladies et bien souvent torturés, massacrés ou gazés…

Ni haine ! Ni oubli ! Mais plus jamais ça.   Nous dit  Lucette QUIGNON-BILLARD 

Elle a reçu la Médaille militaire, la Croix de guerre avec palme et la Légion d’Honneur comme Résistante Déportée.

Ils n’étaient pas des objecteurs de conscience, des attentistes, des contestataires révisionnistes qui brament devant les cameras qu’il n’y a pas de « guerre juste ».

Ils ont fait leur Devoir, ont sauvé la Liberté, reconquis leur Patrie et ouvert les portes des camps de la mort de l’Allemagne nazi. Nous nous devons de rappeler ce qu’ils ont fait pour nous et de leur rendre hommage. Sans eux, l’Europe entière et peut-être le monde serait enchaîné.

Ils étaient des Soldats engagés dans une guerre juste, pour une juste cause, celle de la LIBERTE.

Le 25 août 1944, le jour même de la Libération de Paris, 60 à 80 soldats allemands ont tué, par balles ou à l’arme blanche, 124 des quelques 500 habitants de Maillé, dont 42 femmes et 44 enfants, avant de bombarder le village.

La veille, un accrochage entre un petit groupe de Résistants et des soldats de la wehrmacht avait eu lieu au nord du village, situé sur un axe ferroviaire stratégique. Nicolas Sarkozy a souhaité « que chaque année, au moment où nous fêtons la libération de Paris, nous ayons une pensée pour Maillé », car « c’est en se souvenant d’événements comme ceux qui se sont produits ici que nos enfants sauront où est leur devoir moral, où est le devoir moral de la France.

 Le village d’Oradour-sur-Glane « ne pourra jamais oublier les atrocités qui ont été commises » par des SS en 1944, a déclaré lundi le maire de la commune, après l’annonce du décès du criminel de guerre nazi Heinz Barth, très impliqué dans ce massacre. Celui que l’on surnommait «

L’assassin d’Oradour-sur-Glane » est mort à l’âge de 86 ans. L’ancien lieutenant nazi avait été condamné à la prison à vie en 1983 en RDA pour crime de guerre et libéré en juillet 1997, à 76 ans, en raison de son âge, de son état de santé et des regrets qu’il avait exprimés pour ses actes. 

Mais à Oradour-sur-Glane, où 642 civils, dont 247 enfants, avaient péri le 10 juin 1944, on ne pardonne pas cette libération anticipée.

« De tels crimes, ça ne peut pas se pardonner », « il fallait qui paie pour les actes dont il s’est redu coupable », a ajouté le maire de la commune.

« Pour Oradour, son décès ne changera rien par rapport à tous les enfants, les femmes et les hommes qui sont morts », « brûlés vifs » dans l’église ou dans des granges, a déclaré pour sa part Claude Millord, président de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane.                                        

Le Président Sarkozy « s’associe à la mémoire des victimes »  Dans un communiqué, l’Elysée indique que Nicolas Sarkozy « s’associe à la mémoire des victimes et à la douleur de leurs descendants » en réaction au décès du criminel de guerre nazi Heinz Barth responsable de 642 civils dont plus de 200 enfants à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944 dans des conditions d’une barbarie et d’une atrocité inouïes, rappelle à la France l’un des épisodes le plus tragiques de son histoire »

Lettre de l'élève Martrice                                

Loos, le 9 mars 1944 - 14 h. 30. Ma chère Maman ; Tous mes chers Parents,

 A l'heure où vous recevez cette lettre, je ne souffre déjà plus. Un officier allemand est venu nous annoncer que le jugement était confirmé.     

Toutes vos interventions ont malheureusement échoué.     

Je ne doute pas un seul instant que vous avez tenté l'impossible pour me sauver ; il n'y a qu'à s'incliner devant le destin.   Quand j'ai décidé, à l'âge de 13 ans, de m'engager dans les enfants de troupe, déjà je me sentais l'âme d'un soldat.  

J'ai toujours décidé de mourir de cette façon. Aujourd'hui, je suis à deux doigts de la mort et je n'ai même pas peur. J'accepte la volonté de Dieu avec courage.

Dans 2  heures environ, j'aurai rejoint le royaume de Dieu : j'y retrouverai mon cher papa.   

Ma chère maman, je vois d'ici ta peine énorme ; que veux-tu, c'est la volonté de Dieu. Tu as déjà bien souffert dans la vie et après avoir vu ton mari tué à la guerre, c'est ton fils qui s'en va, moins glorieusement peut- être, mais enfin… N'oublie pas que tu as encore Roger et Gisèle à élever, à éduquer.   Peut-être un jour le Bon Dieu te récompensera.

Fais part de la nouvelle à tous mes amis, toutes mes connaissances. Dis à tous, que dans ce que j'ai fait, j'ai cru reconnaître là mon devoir : que je meurs avec la satisfaction du devoir accompli.

J'admets que je trouve la sentence un peu dure, mais ce sont là les lois de la guerre. 

Il n'y a qu'à s'incliner. Ma chère maman surtout ne me plains pas, pense que je meurs d'une mort qui m'est douce. Tous mes chers parents, je pense à vous dans mes derniers moments.  

Bons baisers à tous. Adieu. Ma chère maman, cher frère, chère sœur, je vous embrasse tous detout cœur.

Adieu. Votre fils qui meurt avec la satisfaction du devoir accompli.        

 

Martrice 

 

Quelques instants plus tard, contre un mur du fort de Loos, l'élève Martrice était fusillé par les Allemands

 

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